13 mars 2009

Ziméo Korny [Partie 1] Chapitre 1 : MDR!

Cette histoire va révéler un terrible secret.
Un terrible secret gardé jalousement depuis maintenant presque une vingtaine d'années.
Un terrible secret qui doit être nécessairement révélé. Car ce terrible secret est une question de salubrité publique. Pour l'individu. Pour son environnement mental. Pour cette communion mystique du temps et de l'espace qu'on appelle communément le Réel...
Tout a commencé le vendredi 13 mars à 14h36, à la minute même où un homme en anorak noir frappa frénétiquement à la porte d'un appartement.
Sur la devanture de la petite boite à lettre cabossée, si l'envie nous venait, on pouvait lire ses treize lettres : l a u r e n t z a v a c k.
Symphonie de la pluie qui tombe sur le béton : l'homme à l'anorak noir frappa encore plus énergiquement sur la porte, qui était, je ne l'ai pas précisé plus haut, vieille et en bois, et agrémentée d'un graffiti crayonné furtivement représentant une silhouette robuste tenant en laisse une fillette à quattre pattes, avec des oreilles de lapin comme on en voit dans les mangas, où plus précisément dans les festival de cosplay.
L'homme à l'anorak était gros. Même plus. Obèse.
Capuche serré. Du bas du front au début du nez. Des yeux de vache, impassible.
Dans la main qui n'était pas occupée à percuter la porte il tenait fermement une mystèrieuse mallette, aussi noire que son anorak, aussi trempée et aussi susceptible de musique quand la pluie la tamponnait.
Qui est cette homme ?
Un Dracula ? un Landru ? un Mesrine ? un Durn ? Un évadé de l'asile ? de prison ? d'une série américaine bizarro sexpunk ? Un violeur ou un tueur ? Tous ça à la fois ?
Non.
C'est Pierrick Kistinic.
Un petit cadre en communication, en marketing web, etc.
C'est un ami d'enfance de Laurent, et la porte qui s'ouvre nous le prouve : Espèce de pignouf en voie de multiplication! Mille et une fois que je te serine que quand le ciel pleure tu es autorisé à renter sans toquer...
- Et d'ailleurs même quand le ciel sourit, grogne, lutte, s'émeut, vomit, dramatise, érotise : RENTRE SANS FRAPPER OKAY ? ajouta Laurent.
- Ouais mais j'ai des principes moi Laurent. Chez toi c'est chez toi... J'aimerai pas que tu déboules chez moi alors que j'suis en train d'chier.
- Pourquoi tu préférerais que j'débarque quand tu savonnes ta mastodonte graisse gonflée au Big Mac et autre Cheesebruger à la con ?
- Oh ça va, arrête de m'chambrer. Je dis juste que j'ai des principes moi, je suis pas un anarchiste comme toi... J'respecte ta vie privée...
- Espèce de pignouf en voie de multiplication va ! Mille et une fois que j'te répète que c'est pas chez moi ici ! je loue ici ! C'est pas possible c'est ton Coca Zéro de merde bourré d'aspartame qui t'rend complétement débile ! Allez entre mon ami, tu va attraper la mort là.
Dès que Pierrick entra Laurent ferma la porte dans un revers à la Amélie Mauresmo.
Pierrick déposa immédiatement son lourd corps sur le canapé en cuir marron tout abîmé ; et accompagné d'un "Alors tu l'as mon ami ?", Laurent l'imita.
L'oeil frétillant, presque hilare, Pierrick déposa la mystèrieuse mallette sur la table basse encombrée de canettes de bière vide, de verres, d'assiettes.
- Haha un peu que j'l'ai !
Et la baleine humaine baptisé Pierrick Kistinic ouvre la mystèrieuse mallette, en sort une bouteille de Lagavulin 16 ans d'âge et une petite clé usb.
Que contenait ladite clé usb ? Les oeuvres cinématographiques complètes de Kurosawa téléchargées avec emule ? avec shareaza ? La discographie complète de Jacques Brel ? de Nougaro ? de Thelonious Monk ? Des milliers de photos chopées sur des sites zoophiles, pédophiles, gangbangophiles ?
Non.
La clé usb contenait le best-of des prestations télévisuelles des membres du gouvernement Sarkozy, au cours de la dernière semaine.
Laurent laissa échapper un "Oh putain on va s'marrer!" alors qu'il bondissait pour aller chercher son ordi portable et deux verres à whisky pour le Lagavulin.
La bouteille de whisky à demi vide, ou à demi pleine, les deux amis se baladaient de fou rire en fou rire. Kouchner! Albanel! Boutin! Lagarde! Yade! Pécresse! Xavier Bertrand! Xavier Darcos! Hortefeux! Bachelot! Dati! Bernard Laporte! Panafieu! Durant 1 heure ce ne fut que fou rire sur fou rire, devant ce qu'ils appelaient fraternellement les Petits Marquis.
- Mieux qu'Alévêque, Stéphane Guillon, Jamel Debbouze et Danny Boon réunit ! rabachaient en chorale Laurent et Pierrick.
Cependant le drame arriva durant une intervention de Frédéric Lefebvre, Frédé, le meilleur de tous. Quand ledit cynique qualifia de "tonton macoute" le syndicaliste superbe Elie Domota, là s'en était trop : Laurent était littéralement MDR.
Mais pour de vrai.
Pierrick continua de rigoler un bref instant, puis trouva toutefois judicieux et pressant d'appeler les pompiers...

FIN DU CHAPITRE 1